les roses noires n’ont été posées nulle part. le vase reste vide.
Auteur/autrice : Guy Marc Hinant
juin 23
au 19ème siècle, les écrivains au laudanum – Coleridge, de Quincey, possiblement Keats, le club des Hashishins, Gautier, Nerval, Baudelaire, Rimbaud et l’absinthe, Lorrain et l’éther. le 20ème siècle, le Grand Jeu, Daumal et Gilbert-Lecomte. puis Burroughs et Michaux, Jünger et Dick. jusque là, quête individuelle, tentatives d’élargir le cercle de sa vision. les années soixante ouvrirent la boite et le poison se répandit. d’abord dans des communautés spécifiques – beuh, coke, héroïne, amphétamine, speed – puis au tout venant, à toute personne mal. après la coke festive, la solitude hors norme du fentanyl, les morts vivants se relèvent. au 21ème siècle, dans les rues – injections de xylazine : pertes de connaissance, états de stupeur durables, blessures qui dégénèrent en escarres, en gangrène, en nécroses entrainant des amputations. gestes difformes, membres déformés. enfer sur terre. on retourne à l’individu mais sans étendue, ni exploration, ni espérance.
octobre 24
tout irait bien si les dix heures de discipline m’entravaient mais le lit reste vaste, vaste comme un fleuve en sa confluence. tout irait mieux si ça restait ténu mais ce ne l’est pas, c’est pourquoi le fleuve grandit et que mon ouvrage est délaissé.
(en attendant la venue de Drew McDowall précédé de Mt. Gemini, 25/10/24)
mars 23
à quatre heure du matin, les oiseaux se mettent à chanter dans la nuit noire. je tente un enregistrement. tout n’est pas parfaitement silencieux. peu de voitures mais on en devine sur le boulevard. on peut y déceler une activité humaine. c’est ce qui, enfant, me rassurait. que tout le monde ne dorme pas. que quelque chose se passe à travers la nuit.
janvier 23
souviens-toi du cratère de Chicxulub. après la chute d’un astéroïde de quinze kilomètres de diamètre, tout ce qui pesait plus de vingts kilos a disparu. voilà pour une rupture possible.