décembre 24

nous sommes entrés dans un ère nouvelle quoique indéfinie, peut-être le retour aux religions les plus fermes (donc les moins complexes) ne sera qu’une écume qui, par la force des choses, sera balayée par un vent plus puissant – une hybridation sans retour possible. ici encore, humanisme issu des massacres, universalisme, dernier crépuscule de la résistance humaine.

novembre 24

ma ville de rêve, plus réelle que ma vie éveillée précisément parce qu’elle n’a aucun rapport avec la vie éveillée… WSB écrit ça quelque part. c’est en effet extrême de retrouver sans cesse la même ville dans les rêves, inconnue dans la réalité. mais c’est une ville qui bouge sans cesse, parfois port, parfois capitale d’un pays ancien. on sait toujours comment la traverser, parfois pas, on ne sait plus, on tourne en rond.

octobre 24

elles furent si précieuses ces bibliothèques, une part de nous. mais le temps qui creuse tout nous les fait paraitre comme des fantômes oblitérés. nous mêmes prenons en main ces livres lus… qu’ont-ils créé en nous ? en sommes-nous devenus autres ? autres que nous-mêmes ? quelqu’un me redit dans une sorte d’effarement l’extraordinaire oubli de tout. ainsi maintenons-nous ces fondations par habitude, peut-être par peur. en réalité, tout ce que tu accumulas n’eut pas l’impact escompté.

juin 23

au 19ème siècle, les écrivains au laudanum – Coleridge, de Quincey, possiblement Keats, le club des Hashishins, Gautier, Nerval, Baudelaire, Rimbaud et l’absinthe, Lorrain et l’éther. le 20ème siècle, le Grand Jeu, Daumal et Gilbert-Lecomte. puis Burroughs et Michaux, Jünger et Dick. jusque là, quête individuelle, tentatives d’élargir le cercle de sa vision. les années soixante ouvrirent la boite et le poison se répandit. d’abord dans des communautés spécifiques – beuh, coke, héroïne, amphétamine, speed – puis au tout venant, à toute personne mal. après la coke festive, la solitude hors norme du fentanyl, les morts vivants se relèvent. au 21ème siècle, dans les rues – injections de xylazine : pertes de connaissance, états de stupeur durables, blessures qui dégénèrent en escarres, en gangrène, en nécroses entrainant des amputations. gestes difformes, membres déformés. enfer sur terre. on retourne à l’individu mais sans étendue, ni exploration, ni espérance.