performed by Jean-Philippe Collard-Neven et Vincent Royer
https://noname1111.bandcamp.com/album/2-didascalies
Lamentation on the Death of Luc Ferrari
The lamentation was a late-Middle Ages genre close to the French complainte. Poets and musicians used it to commemorate the death of someone close. Johannes Ockeghem wrote a « Lamentation on the Death of Gilles Binchois, » Mort tu as navré de ton dart. Later, Josquin des Prés wrote a “Lamentation on the Death of Johannes Ockeghem” in praise of his deceased master. Josquin des Prés’ passing away was similarly celebrated by Hieronymus Vinders, Benedictus Appenzeller and Nicolas Gombert. Isn’t it simply beautiful, this perpetuation, this chain, this transmutation of sorrow into art? What can we do, those of us who are not musicians?
We were with Luc in early July 2005, when he was working with Jean-Philippe Collard-Neven and Vincent Royer on what would become his last recorded piece: a new version of Tautologos.
We were there, insisting, filming the whole session. Luc: « The tape is 21 minutes long and there are three rules, » and the piece got woven, piano and viola breaking down, starting anew in the opposite direction, discreetly stepping out, bandoneon, DX7, building themselves back as the night crept in. The air displacement of books being closed every two and a half minutes…the musicians in the darkness of the studio, absorbed, counting, Luc in the control room, not seeing the scene, simply focused on listening « while making mostly silence… »
A month later, we learned the news.
Time went by, final mixes were completed, and the film got edited.
Lamentation on the Death of Luc Ferrari would have made the worst possible title for a documentary filmed in the middle of such life, laughter and surprise. It shall be made of what we could make of these instants that we knew were so intensely true but had no idea would become that precious and final.
The idea of bringing together Rencontres fortuites, Didascalies and Tautologos III – two recent works for piano, viola and electronics, and one open-ended work – imposed itself at a concert at the Boendael Chapel in Brussels, where Collard-Neven and Royer performed Didascalies, with Ferrari attending.
A few months later, we found ourselves in the legendary Brème studios, having to deal with the waiting, the Tonmeister’s mood swings, and Luc, sick, having a hard time with long commutes and schedule changes.
And so the last work was finally developed at La Muse en circuit, the studio Luc already knew so well, in a suburb of Paris. On the 9th of July 2005, we were getting to know the surroundings; Luc, Brunhild and Christophe Hauser were already there. The musicians were on a train back from a concert in Germany. While waiting for them to arrive, we started filming the empty studio. A film perhaps, and a new album. No more plans, no more new works and meetings, no more. We shall do the best we can, together, to perpetuate the memory, work and extraordinary freedom of thought of Luc Ferrari.
Brussels, november 2006
Déploration sur la mort de Luc Ferrari
La déploration est, vers la fin du Moyen Age, un genre voisin de la complainte, utilisé par les poètes et les musiciens pour commémorer la mort d’un intime. Johannes Ockeghem composa une » Déploration sur la mort de Gilles Binchois « , Mort tu as navré de ton dart. Plus tard, pour célébrer la mort de son maître, Josquin des Prés écrivit à son tour, une » Déploration sur la mort de Johannes Ockeghem « . La disparition de Josquin des Prés fut ainsi célébrée par Hieronymus Vinders, Benedictus Appenzeller, Nicolas Gombert. N’est-ce pas simplement beau cette perpétuation, ce lien, cette transformation de la peine en œuvre ? Que pouvons-nous faire, nous qui ne sommes pas musiciens ?
Nous étions auprès de Luc lorsque, à Alforville, au début de juillet 2005, il mettait en place avec Jean-Philippe Collard-Neven et Vincent Royer, ce qui allait être son ultime pièce enregistrée : une nouvelle version de Tautologos.
Nous étions, là, présent, insistant, filmant la session complète. Luc : » La bande fait 21 minutes et il y a trois lois » et la pièce se tissa, piano, violon alto, se défaisant, repartant en arrière, s’effaçant, bandonéon, DX7, se reconstruisant à l’approche de la nuit. Le souffle des livres qu’on referme toutes les deux minutes trente…les musiciens dans l’obscurité du studio, absorbés, comptant, Luc en régie, ne voyant pas la scène, simplement plongé dans l’écoute » en faisant surtout du silence… «
Un mois plus tard, nous apprenions que.
Le temps a passé, les ultimes mixages se sont effectués, le film s’est monté…
Déploration sur la mort de Luc Ferrari aurait été le plus mauvais des titres pour un documentaire à ce point réalisé dans la vie, le rire et la surprise. Il sera ce que l’on a pu faire de ces instants que l’on savait intensément vrais mais dont nous ignorions à quel point ils étaient précieux et définitifs.
C’est lors d’un concert où le duo composé de Collard-Neven et Royer joua Didascalies, à la chapelle de Boendael, à Bruxelles, en présence de Ferrari qu’il parut évident de réunir Rencontres fortuites, Didascalies et Tautologos III, deux compositions récentes pour piano, violon alto et électronique et une œuvre ouverte.Quelques mois plus tard, nous nous retrouvions dans les studios mythiques de Brème, devant attendre, subissant les humeurs du Tonmeister, Luc contraint par la maladie ayant du mal à faire ces longs déplacements, changements de calendriers, de lieux… C’est ainsi que la dernière pièce s’élabora à la Muse en circuit, studio de la banlieue parisienne, que Luc connaissait si bien.
Le 9 juillet 2005, nous prenions connaissance des lieux, Luc, Brunhild et Christophe Hauser s’y trouvaient déjà. Les musiciens revenaient, en train, d’un concert en Allemagne. Nous les attendions, commençant à filmer le studio vide. Un film, peut être, et un nouveau disque. Fin des plans, fin de nouvelles pièces, des rencontres, fin de. Nous tenterons, à notre mesure, mais ensemble, de perpétuer la mémoire, le travail et l’extraordinaire liberté de pensée de Luc Ferrari.
Bruxelles, novembre 2006