décembre 25

souvenir lointain du maelström : c’est le passage vers Ran, la déesse des noyés, l’eau tourne comme un moulin et la gueule aspire comme celle d’une bête gigantesque et tel le Léviathan, brise ce qui advient par sa puissance chaotique. expression de la destruction pour elle-même. qui le vaincra, mettra fin au tumulte du tohu-bohu — pour ce juste, le festin eschatologique, le vin gardé depuis la Création. l’écriture.

novembre 25

tu avais gardé ta sobriété pour moi et ta famille mais tu n’as pu t’en servir quand il le fallut. quand les hommes débarquèrent et que le danger s’approcha, tu ne pus voir au-delà de tes yeux, entendre au-delà de tes oreilles. tu perçus tout et tu saisis d’un coup – tout – mais un rien trop tard. cette faiblesse a fait qu’il ne reste rien, ni de ta famille, ni de moi.

novembre 25

je m’y maintenais mais j’ai avalé cette vague. c’était quelques jours après le massacre et j’ignorais encore qui étaient morts et qui étaient vivants. j’attendais de voir le ciel s’assombrir et une vague gigantesque me submerger. mais ça n’arriva pas. je dus continuer à marcher, seul comme un tueur, sur le bord de la route.

octobre 25

presque enfant encore sur la crête de la vague avant qu’elle ne se referme dans un fracas
au moment de cet équilibre suspendu
notre conscience d’exister tout au bord 
 alliée
à l’irrémédiable impensé
avant que tout s’enroule en remous et qu’une autre nous soulève