Oh, Run Into Me, But Don’t Hurt Me ! (1923-1930)

Between crudeness and despair, a few forgotten female blues singers



If, out of these fourteen female singers recorded in the 1920’s, some have managed to put food on the table for a while, none became famous or rich, and most remain completely unknown. What can be said about a singer whose entire work fits on a single-sided 78rpm record? (It makes me think of those antique authors of whom all we have are titles of work). What circumstances led to this recording? Who decided to do it? For whom was it intended? Why wasn’t it followed by more recordings? Hypotheses get lost in places and times themselves forgotten. What remains are these miraculous voices. And us, here, finally able to listen to them, through hardships and deaths – these voices that have gone through these faraway eras that no one alive today has experienced.

Let’s not forget that most of these profoundly sincere or ferociously ironic blues were created during the dark years of the Great Depression. However, this selection does not constitute a theme-based anthology. We simply wanted to present a few little-known or forgotten female blues singers whose ambiguous leanings, double-entendres, and uncompromising crudeness had been censored by the propriety of these times ruled by sanctimonious prudishness and despicable segregation.

Finally, we have focused on the darker, more personal trend, coarser and grittier than what was being performed in vaudevilles and medicine shows, a radically new form, or maybe an ancient one that had remained hidden from us for decades. 



November 2007

Tricks ain’t walking anymore…

Entre crudité et désespoir quelques chanteuses de blues oubliées.



Si de ces quatorze chanteuses, enregistrées dans les années vingts, quelques unes ont trouvé de quoi subsister pour un temps, aucune n’a vraiment trouvé la célébrité ni la richesse, la plupart sont restées absolument inconnues. Que peut-on dire d’une chanteuse dont l’œuvre complète tient sur une face de 78t ? (cela fait penser aux auteurs antiques dont seuls les titres sont parvenus jusqu’à nous). Qu’est-ce qui a présidé à cet enregistrement ? qui l’a décidé ? pour qui était-il déstinés ? pourquoi n’y en a-t-il pas eu d’autres ? les hypothèses se perdent dans des lieux et dans des temps, eux même oubliés.  Reste le miracle de ces voix. Et nous qui sommes ici, pouvant les écouter, enfin, à travers les déboires et les morts – ces voix qui ont traversé ces époques lointaines qu’aucune personne aujourd’hui vivante n’a vécu.

Se souvenir que la plupart de ces blues, d’une sincérité bouleversante ou d’une ironie féroce ont été créés dans les sombres années de la  grande dépression. Cette sélection ne donne cependant pas lieu à une anthologie thématique,  il s’agit simplement de présenter quelques chanteuses de blues, peu connues ou oubliées, et dont les tendances ambigües, les double-sens  ou la crudité sans détour, ont été censurées par la bienséance de ces temps de pudipondrie bigote et de ségrégation abjecte.

Enfin, ce qui a été retenu, c’est la tendance plus sombre, plus personnelle, davantage griçante et crue que ce qui appaissait dans les vaudevilles et medecine shows, une forme radicalement nouvelle ou une tendance ancienne peut être, mais qui à travers les décennies, nous avait été cachées.



Novembre 2007