mon père (fragment #3)

mon père ne s’est pas battu contre sa maladie, pas assez, ou il s’est battu pour rien, à la fin, trop tard. ô mon D-ieu, il n’a ragé contre rien, à la fin. dans la lumière de la cuisine ou dans les ombres de la chambre, toute fenêtre close. ainsi les jours sont passés. puis ça a commencé à être sa fin à lui. les mouches mortes depuis des mois contrarient un bout de papier d’argent dont il avait fait une moulure. une seule assiette sur la table, sans cesse utilisée, lavée, et un verre, un seul (pour la bière, l’eau, le vin). il est revenu, il est là, il se retourne sans sommeil dans son lit détrempé — revenu d’entre les morts.

(me souvenant d’un poème de Dylan Thomas)