premier récit des temps sombres, Indonesia

les temps étaient très sombres. à tout moment, ça pouvait arriver. on ne sait quoi. on le sait après. après que. on ne le sait jamais qu’après. la vie quotidienne n’en était pas vraiment affectée. sauf que des crises apparaissaient comme venues de nulle part, d’un fond d’angoisse insurpassable.

personne ne voulait s’y pencher. ça surgissait dans les familles. ça a surgi chez nous. mon frère si droit, si fort, s’est retrouvé par terre. nous étions généralement là, attendant dans le calme d’une chambre remplie d’ombres. les maisons à Denpasar, les arrière-cours donnaient sur les jardins. on voyait les palmes bouger dans la nuit. l’odeur des fleurs se répandait. un cri lointain. pas grand chose. c’est durant l’un de ces jours d’attente et d’angoisse que cette photographie fut prise par mon oncle. rien n’y parait.

14 février 2019