
sortant de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé (une série de films muets que je voulais voir), boulevard des Gobelins. deux ans plus tôt, dans une petite rue parallèle, j’y avais vu Marc Dachy, au plus mal, quelques semaines avant sa mort, dans cette chambre de bonne d’où il ne pouvait même plus sortir. au milieu de cette unique pièce, la harpe de sa fille Kikuko, sa femme se tenant en retrait (ou plutôt faisant mine de devoir aller acheter quelque chose à l’extérieur pour nous laisser seuls). tout ce temps, cette amitié, le grand frère, quelque chose d’indéfinissable qui nous liait tant, Kurt Schwitters, Dada, Luna Park, rue de la Gaité… et maintenant, il se trouve là, et je suis face à son nouveau visage. plus tard, Mayuko m’accompagne sur le palier, je descends lentement une volée d’escaliers, la pressentant toujours derrière moi. arrivé en bas, je me retourne, je lui souris une dernière fois, elle me salue à la japonaise. cette scène est imprimée dans mon esprit. la tristesse infinie de ce sourire me saluant. le dernier moment. tout le monde le sait. personne ne dit rien. la beauté de ce qui ne peut se dire.
30 avril 20
(notes d’un carnet d’observation, janvier 2017)