troisième récit des temps sombres, le retour en Inde

ma couardise et puis quoi ? elle m’a sauvé – et ? trop compliqué, on va pas commencer à s’expliquer, non plus, si ? elle aurait fait pareil, pire peut-être, sans doute pire.

elle ne m’a jamais épargné. je lui ai beaucoup donné, elle ne s’est jamais excusée de rien. c’était toujours difficile. il est vrai que je ne lui ai jamais donné l’essentiel. elle attendait dans le quartier étranger. je ne suis pas sûr qu’elle m’attendait. je ne sais ce qu’elle y faisait. je sais qu’elle était en lien avec plusieurs personnes, des hommes, ils intriguaient. ils n’avaient cependant pas assez d’importance pour être arrêtés sur le champ. le rets était trop ample mais sans doute leur temps viendrait. je ne serai plus là pour le voir. avoir peur a parfois du bon. sans doute, si elle avait été au rendez-vous, cela aurait été différent (sinon que je savais qu’elle n’y serait pas). de toute façon, pour moi, Bali n’avait plus d’attrait. plus aucun, en dehors d’elle. à la fin, on ne se voyait presque plus. un fois ou deux par mois, parfois moins, c’était trop difficile, les conséquences, je veux dire. après l’enthousiasme du moment, les longues descentes. j’espérais que ça passe mais on ne dirige rien. loin des compromissions nécessaires juste pour survivre dans cette ville, ça devenait dangereux. je n’ai pas envie de garder le poids du monde sur mes épaules. ce qui s’est passé, c’est du passé. voilà, je suis de retour en Inde. j’aurais jamais dû quitter Pondichéry pour Denpasar.

15 février 2019