Percées, sidération et musiques sans fin. 24 propositions.

publié par Gilles Collard dans la revue Pylône #9, novembre 2013

Proposition #1 (voix)

Le bruit m’a beaucoup préoccupé, le bruit désiré, celui qui, surgi à travers les machines du dernier siècle, se fit plier par des musiciens sans peur – sa lente émergence, comment il nous a pénétré, nous a sidéré, comment il nous a changé (1)  – mais la voix, n’est-ce pas la voix qui nous transperce alors que nous nous établissons à peine ? Elle nous berce, certes, en nos premières heures, mais elle nous traverse aussi, nous perce, nous met au jour. Le bruit déplace mais n’emporte pas – ce qui nous transporte c’est toujours une ou un ensemble de voix. Chacun garde en soi celles qui lui sont propres, celles qui œuvrent à l’intérieur. Inutilité à vouloir convaincre, l’expérience primordiale des voix ne peut se partager, elle nous définit par l’unicité de son emprunte. Ainsi sommes-nous ses réceptacles.

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Thomas & Brian were here…

texte publié dans pour Luna Park # 1, février 2003,
à l’initiative de Marc Dachy

Tôt encore, onze heures – tôt pour lui – le téléphone résonne dans la véranda, et va perforer l’air aux environs des oreilles de T. Bien peu de personnes connaissent l’existence de ce numéro. T. décroche, broyant de la main gauche la coquille d’un œuf gobé la veille et qu’il s’apprêtait à jeter dans le cône du café à passer (selon lui un démultiplicateur de goût). La voix est inconnue, lointaine – un journaliste. Qu’y aura-t-il après Vente à la criée du lot 49 ?

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